Aya Akbib

aya akbib

L’architecture en 3 mots ? Créativité, Dialogue, Contexte.

Qu’est-ce qui t’a poussé à choisir l’architecture ? Je crois, un peu comme tout le monde, car c'est un domaine qui mêle la "technique" et le "sensible". Mais aujourd’hui, je dirais que l’architecture n’est pas seulement une discipline technique : c’est avant tout la création de milieux de vie, non seulement pour les humains, mais aussi pour les non-humains. C’est une manière d’inventer de nouveaux récits qui s’alignent avec les enjeux sociaux, écologiques, politiques, économiques... et qui permettront de relever les défis de demain.

Quel est ton métier depuis la fin de tes études ? Architecte-Urbaniste et illustratrice.

illu aya akbib

Ci-contre, une de ses illustrations


Quel cours t'a le plus marqué à la faculté ? L'Atelier Micro-megas donné par Eve Deprez et Alain Simon, qui explore à la fois les grandes dynamiques urbaines et les micro-situations locales pour en faire émerger des projets architecturaux justes et équilibrés. J’y ai particulièrement apprécié la discipline du dessin quotidien, qui permettait à la fois de nourrir la réflexion sur le projet et de libérer l’esprit par le geste.

Quel conseil donnerais-tu à quelqu’un qui a envie d’étudier l’architecture ? Reste fidèle à tes convictions, mais ouvre tes sens aux disciplines connexes. L’architecture ne se limite pas aux bâtiments : elle est partout, dans la manière dont on vit, se déplace et interagit avec notre environnement. Expérimente, observe, et n’aie pas peur d'explorer au-delà du cadre académique.

Ton bâtiment ou ton architecte favori ? Ettore Sottsass, pour son approche radicale du design et sa remise en question des codes traditionnels. Lina Bo Bardi, pour sa vision sensible et engagée, où architecture et social s’entrelacent.


Lampe d'Ettore Sottsas

lina bo bardi
Musée d'art de Sao Paulo de Lina Bo Bardi


Un livre, un film à recommander ? Livres : Les villes invisibles d'Italo Calvino ; Le droit à la ville d’Henri Lefebvre & un film : Rope, d'Alfred Hitchcock

Florian Mahieu

L’architecture en 3 mots ? Matériaux, savoir-faire, savoir-vivre 

Qu’est-ce qui t’a poussé à choisir l’architecture ? Ce n’était pas un choix raisonné mais plutôt une attirance qui s’est imposée, sans trop d’explications. J’ai suivi cette intuition et je continue à en découvrir les raisons en pratiquant. 

Quel est ton métier depuis la fin de tes études ? Je suis architecte, j’ai cofondé le bureau Bento avec mes associés Corentin Dalon et Charles Palliez. On y développe une pratique en deux volets : des projets et un travail de recherche centré sur les matériaux, en particulier ceux issus de processus de biofabrication notamment avec des champignons (mycomatériaux) ou certaines bactéries.  

In Vivo, installation de Bento et ses 640 panneaux de mycélium dans le Pavillon belge à la Biennale d'architecture de Venise (©ugo carmeni)

Quel cours t’a le plus marqué à la faculté ? L’atelier Terrains d’architecture accompagné par Victor Brunfaut. Il nous a donné la liberté de sortir du projet papier, et de comprendre que faire architecture, c’est d’abord s’ajuster à un lieu, à des usages, à des liens. 

Quel conseil donnerais-tu à quelqu’un qui a envie d’étudier l’architecture ? Si tu choisis d’étudier l’architecture, garde en tête que bâtir, ce n’est pas seulement faire, mais faire avec — avec le monde déjà là, les récits qui l’habitent, et les devenirs qu’on peut encore ouvrir. Chaque choix engage quelque chose : des ressources, des usages, des relations et c’est politique. Alors, avant de dessiner, il vaut la peine de prendre le temps d’enquêter, de comprendre ce qui circule, ce qui résiste, ce qui peut durer. D’essayer de faire des gestes qui soutiennent, plutôt qu’ils n’épuisent. Et avec tout ça, garder de la place pour rêver — rêver comment d’autres récits peuvent advenir, et ce que l’architecture peut faire pour les accompagner. 

Ton bâtiment ou ton architecte favori ? Les Grands Ateliers de l’Isle d’Abeau à Lyon conçus par Lipsky + Rollet. Pas mon favori ni pour l’objet architectural en soi mais pour ce qu’il rend possible : un lieu où l’on apprend en construisant, à l’échelle 1:1, en croisant les gestes et les savoirs des ingénieurs, architectes, artistes et artisans. 

Les Grands Ateliers de l'Isle d'Abeau, Lyon - Lipsky + Rollet

Un livre ou un film à recommander ? Les Aventures du Baron de Münchausen de Terry Gilliam. Un film parfaitement raisonnable. 

Agathe Belot

L’architecture en 3 mots ? Émotions, bien commun, plurielle

Qu’est-ce qui t’a poussé à choisir l’architecture ? J’ai toujours aimé les sciences et l’art. Je voulais m’orienter vers un métier qui stimule ma créativité avec un objectif clair et concret. L’architecture m’a paru être le métier parfait pour avoir cet équilibre.

Quel est ton métier depuis la fin de tes études ? Après avoir pratiqué le métier d’architecte dans un bureau suisse pendant 3 ans, j’ai voulu sortir de mon ordinateur et de mes livres pour partir visiter des constructions méconnues. En 2022 j’ai cocréé la plateforme Odyssées d’architectures avec Mathieu Jaumain. Nous documentons les architectures des pays que l’on visite sous forme de vidéos et de photographies. odysseesdarchitectures.com

Agathe Belot et Mathieu Jaumain lors de leur odyssée architecturale en Afrique australe.

Quel cours t'a le plus marqué à la faculté ? L’atelier Histoire, Théorie et Critique de l’architecture donné par Vincent Brunetta. Ce cours m’a appris à toujours regarder au-delà du projet construit et dessiné.

Quel conseil donnerais-tu à quelqu’un qui a envie d’étudier l’architecture ? De sortir des salles d’ateliers et des livres pour aller visiter les bâtiments. L’architecture ça se vie, ça se ressent et ça se touche.

Ton bâtiment ou ton architecte favori ? Récemment j’ai découvert le travail de Salima Naji, une architecte et anthropologue marocaine, et Nina Maritz, une architecte namibienne. Toutes deux ont une pratique mettant à l’honneur les matériaux localement disponibles ainsi que les savoir-faire des artisans de leur pays.

Shipwreck Lodge, Namibie. Nina Maritz architecte.

Un livre, un film à recommander ? Entre deux mondes d’Olivier Norek. Derrière une intrigue haletante, nous sommes plongés dans la « jungle de Calais » et les conditions de vie des immigrés illégaux en France.

Mathieu Jaumain

L’architecture en 3 mots ? Politique, impactant, éclectique

Qu’est-ce qui t’a poussé à choisir l’architecture ? J’ai grandi dans une maison que j’ai toujours trouvée très mal conçue. Je pensais constamment à ce qui pourrait être amélioré. Aujourd’hui comme architecte, mon regard n’a pas changé. Mais si je n’y habite plus, mes parents s’y sentent bien — et c’est sans doute l’essentiel.

Quel est ton métier depuis la fin de tes études ? J’ai travaillé comme architecte durant 3 ans. Depuis 2022, je voyage en Afrique et en Amérique latine. Je documente en photo et en vidéo les architectures que je visite. Avec Agathe Belot, j’ai cofondé la chaîne YouTube Odyssées d’architectures, où nous partageons gratuitement nos découvertes en vidéos courtes et accessibles à tous.

Quel cours t'a le plus marqué à la faculté ? Le cours d’histoire du XXe siècle m’a passionné car j’y ai découvert un nombre impressionnant de projets qui ont marqué leur époque.

Quel conseil donnerais-tu à quelqu’un qui a envie d’étudier l’architecture ? Je lui dirais de profiter un maximum de cette période d’étude. Tout ce qu’on apprend durant ces années est inestimable et tellement enrichissant. C’est un moment unique de la vie durant lequel on a la chance de pouvoir se plonger pleinement dans des sujets qui nous passionnent sans avoir de pression de rentabilité, d’efficacité ou de contrainte budgétaire.

Ton bâtiment ou ton architecte favori ? Habitat 67 à Montréal, de Moshe Safdi. J’ai eu la chance de visiter ce projet lorsque j’étais enfant et je me souviens avoir été émerveillé par cette construction. Aujourd’hui encore, elle me fascine.

Habitat 67 est un ensemble de logements situé à Montréal construit dans les années 1960 dans le cadre de l'Exposition internationale de 1967. Architecte Moshe Safdi.

Un livre, un film à recommander ? Ken Follet, Pour rien au monde. Parce que je viens de le finir et qu’il montre la folie de notre monde.

Mariam Sy

L’architecture en 3 mots ? Ancrage, Humanité, Transmission.

Qu’est-ce qui t’a poussé à choisir l’architecture ? Le désir de construire des lieux qui ont du sens. Enfant, je rêvais de comprendre le lien intime entre les espaces, la nature et les cultures à travers le monde. L’architecture s’est imposée à moi comme une manière d’unir ces dimensions et de donner forme à ce dialogue entre l’humain et son environnement.

Quel est ton métier depuis la fin de tes études ? Je suis architecte, fondatrice et directrice du cabinet ARCHITERRE, basé au Mali. Nous sommes spécialisés dans l’architecture de terre, la restauration du patrimoine et la construction durable adaptée aux contextes sahéliens.
Au-delà de la conception, je m’engage dans la transmission des savoir-faire locaux et la promotion d’une architecture résiliente en Afrique de l’Ouest, respectueuse de la culture, du climat et des communautés.

Quel cours t’a le plus marquée à la faculté et pourquoi ? Les cours d’histoire de l’architecture et de culture constructive m’ont profondément marquée. Ils m’ont révélé que chaque matériau, chaque forme, raconte une histoire et s’enracine dans la culture d’un peuple. Cette compréhension m’a conduite à redécouvrir la terre comme matériau d’avenir à la fois humble, durable et d’une intelligence environnementale rare.

Quel(s) conseil(s) donnerais-tu à quelqu’un qui a envie d’étudier l’architecture ? Ne cherche pas à tout maîtriser. Observe, ressens, expérimente. L’architecture est une école d’humilité, de patience et d’écoute des lieux, des hommes et du temps. Et surtout, n’oublie jamais que construire, c’est être utile, prendre soin et transmettre.

Ton bâtiment ou ton architecte favori ? Je citerais la ville de Djenné (Mali), dans son ensemble un chef-d’œuvre collectif d’architecture de terre, sans architecte « nommé », mais façonné par la main et la foi d’une communauté entière. L’architecture de Djenné incarne à mes yeux la beauté du lien entre culture, spiritualité et technique, et la puissance d’une œuvre née du collectif.

Ville de Djenné au Mali

Un livre et/ou un film à recommander ? Construire avec le peuple de Hassan Fathy, une référence essentielle pour qui croit en l’architecture comme acte social et culturel.
Et dans la même lignée, le documentaire L’Architecte Abdelwahed El-Wakil (Caravane Earth), qui met en mots et en images ce que je ressens profondément : la quête d’une architecture enracinée, poétique et universelle.

Hicham Karkouch 

L’architecture en 3 mots ? Paysage - Paysage – Paysage

Qu’est-ce qui t’a poussé à choisir l’architecture ? En réalité, j’ai choisi l’architecture du paysage. Depuis toujours, j’ai voulu améliorer le cadre de vie des gens. J’aime créer, façonner, observer comment les formes, les matières et la nature dialoguent. Enfant, j’étais très proche du vivant, tout en grandissant au cœur de la capitale. Longtemps, je pensais que l’architecture, c’était uniquement les bâtiments… jusqu’au jour où je me suis demandé : mais qui conçoit les places, les rues, les parcs ? C'est là que j'ai découvert le métier d'architecte-paysagiste. Et c’est devenu une vocation.

Quel est ton métier depuis la fin de tes études ? Je travaille chez OMGEVING, un bureau d’architecture du paysage et d’urbanisme basé en Belgique. J’ai la chance de participer à des projets aussi passionnants que variés : l’étang de baignade de Neerpede, la rénovation du Parc de la Fonderie, des cliniques universitaires Saint-Luc, du parc du Cinquantenaire, ou encore le projet HELORA, un réseau de cinq hôpitaux en Wallonie. J'ai également travaillé à l'international avec la création du boulevard Jnan el Matar à Nador au Maroc avec toujours la même ambition : faire du paysage un levier de transformation sociale et environnementale. En parallèle, je m’engage dans des mouvements urbains et citoyens, pour défendre les friches bruxelloises ou réintroduire la baignade en plein air à Bruxelles. Pour moi, l’architecture du paysage, c’est une discipline d’intérêt public.

Participation au Congrès Mondial des Villes Baignables à Rotterdam - 2025

Quel cours t’a le plus marqué à la faculté et pourquoi ? L’Atelier Projet, sans hésiter. C’est l’espace où tout se croise : la théorie, la création, l’expérimentation. C’est là qu’on peut enfin se lâcher, concevoir, modeler, rêver, bref, faire du projet.

Quel conseil donnerais-tu à quelqu’un qui a envie d’étudier l’architecture ? Je lui dirais de se tourner vers l’architecture du paysage. Si tu veux faire quelque chose qui a du sens, améliorer la condition humaine et repenser notre rapport au vivant, c’est ici que ça se passe. Le paysage, c’est une architecture sans murs : ouverte, collective, essentielle.

Ton bâtiment ou ton architecte favori ? Vous connaissez le Bosco Verticale de Stefano Boeri ? Et bien juste à côté, il y a un parc de 10 hectares, la Biblioteca degli Alberi, conçu par Inside Outside. Les Milanais le disent eux-mêmes : c’est plus qu’un parc.

Quoi de mieux qu'un parc pour répondre aux challenges du changement climatique et de chute de la biodiversité ?

Un livre et/ou un film à recommander ? The Square de Ruben Östlund.

El Mehdi Belyasmine

L’architecture en 3 mots ? Holistique, Sensuelle et Sensorielle

Qu’est-ce qui t’a poussé à choisir l’architecture ? Mon immersion dans l’univers de l’architecture a commencé en suivant les traces de feu mon père, Mohammed Belyasmine, lui aussi diplômé de La Cambre (ISCAE). Cet héritage a éveillé en moi une passion grandissante pour l’art de concevoir. Ma surdité, loin de me limiter, a affiné mon regard : elle m’a appris à écouter les espaces autrement, à percevoir leurs silences et leurs équilibres. C’est dans cette perception singulière que je puise aujourd’hui la force de ma démarche architecturale.

Quel est ton métier depuis la fin de tes études ? Après plusieurs années comme architecte pour les agences FR-EE (Fernando Romero Enterprise) et ACME London, et l’obtention d’un second master à l’ETH Zurich en Architecture and Digital Fabrication, j’ai choisi de revenir aux sources, à Marrakech, pour y fonder mon propre bureau, Belyas.Co. J’ai également eu l’honneur d’être nommé co-curateur du Pavillon marocain pour la Biennale d’architecture de Venise 2025. Ce parcours reflète ma volonté de développer une architecture innovante, ancrée dans l'art, la culture et le territoire local. www.belyas.co

 

Materiae Palimpsest, Pavillon du Maroc, Biennale d'architecture de Venise 2025

Quel cours t'a le plus marqué à la faculté ? Terrain d’Architecture, encadré par Victor Brunfaut et Bertrand Terlinden. Ce cours m’a appris à conjuguer rigueur et créativité en explorant une architecture qui dialogue entre passé, présent et futur. Il a également cultivé en moi un esprit d’observation critique, essentiel pour comprendre les enjeux complexes de l’architecture. La recherche approfondie menée dans ce cadre a révélé une autre passion : celle de la plume. Rédiger mon mémoire a été un véritable défi, mais aussi une révélation, me permettant d’articuler mes idées avec précision et d’enrichir ma démarche architecturale par la réflexion critique.

Quel conseil donnerais-tu à quelqu’un qui a envie d’étudier l’architecture ? Dessiner sur papier, c’est donner forme à la pensée créative.

Ton bâtiment ou ton architecte favori ? Je n’ai pas de bâtiment ni d’architecte favori, car chaque créateur apporte une vision unique et précieuse. L’architecture est une diversité d’approches, de contextes et d’émotions, et c’est cette richesse qui m’inspire au quotidien.

Un livre, un film à recommander ? Materiae Palimpsest, Kaph Books Edition

Laurent Troost

L’architecture en 3 mots ? Surprise, contexte, sensation

Qu’est-ce qui t’a poussé à choisir l’architecture ? Je passais par hasard devant la Faculté d'architecture lors des portes ouvertes et ce que j'y ai découvert a fait écho à ma personnalité. J'ai pensé que ces études pouvaient me plaire.

Quel est ton métier depuis la fin de tes études ? Je suis architecte et j'ai également été responsable de l'Urbanisme de la ville de Manaus au Brésil, pendant 8 ans.

Quel cours t’a le plus marqué à la faculté et pourquoi ? Les Esquisses Communes, pour nous avoir appris à gérer de vrais problèmes sur le terrain et pas seulement sur le papier. Egalement pour le fait de devoir travailler en équipes autour d’un objectif réel, sur du très court terme.

Quel conseil donnerais-tu à quelqu’un qui a envie d’étudier l’architecture ? Si tu souhaites apprendre un métier pour changer le monde ou devenir riche, ce n’est pas forcément le meilleur choix. Mais sinon, fonce ! Mes études d’architecture ont compté parmi les meilleures années de ma vie.

Ton bâtiment ou ton architecte favori ? Le bâtiment du Rectorat de l'Université de Brasilia, de l’architecte Paulo Zimbres.

Rectorat de l'université de Brasilia © Leonardo Finotti

Un livre et/ou un film à recommander ? The Five Obstructions de Lars von Trier.



 
Mis à jour le 24 novembre 2025