L’atelier Terrains se présente dans la continuité de l’atelier Terrains d’Architecture, en lien avec les centres de recherche HABITER et LoUIsE, le module de Questions d’Architecture ADP (Architecture-Développement-Patrimoine), et le Master de spécialisation en urbanisme de l’ULB. Le nom Terrains renvoie à la vocation de l’atelier de s’intéresser au projet d’architecture (et, par extension, d’urbanisme) comme partie intégrante d’un processus situé de transformation. Le terme « terrain » renvoie tant aux éléments physiques (sol, climat, végétation) qu’anthropiques (culturels, sociaux) propres au territoire étudié (chaque terrain est un monde, lui-même composé d’autant de mondes).

L’atelier s’intéresse au terrain urbanisé, considérant l’urbanisation comme phénomène et fait accompli. Le processus d’urbanisation s’inscrit dans la longue durée du territoire, suivant des logiques formelles et sociales qui le structurent (Braudel, 1969). Le projet d’architecture s’y insère comme maillon d’un processus d’aménagement de l’urbanisation, c’est-à-dire comme réponse à une série de problèmes que, telle qu’elle se présente, l’urbanisation induit et n’internalise pas – le non choix de la mobilité automobile, la menace sur la biodiversité, l’exclusion sociale, la pauvreté de l’espace public, etc. Aménager l’urbanisation signifie pour nous de travailler l’urbanisation pour ce qu’elle est, et d’envisager sa transformation par elle-même, par ses dynamiques propres de fabrication.

Le travail s’attachera à ce titre à lire ces logiques de fabrication du territoire, qui relèvent souvent de ce que Secchi appelle « rationalités minimales », ou des formes d’organisation. Cette lecture est un travail dense de description. Une description est un acte de décomposition de la complexité du réel en formes et matériaux urbains (Viganò, 1999) qui les caractérisent ces « rationalités minimales », pour asseoir le projet de transformation future. Cette lecture synchronique s’appuiera sur une lecture diachronique (Corboz, 2001) : les éléments du passé y seront considérés dans la mesure où ils existent au présent et définissent le territoire comme un artefact, composé de couches. Suivant cette hypothèse :

« Le passé n’existe pas ; tout est simultané dans notre culture : seul le présent existe, dans la représentation que nous nous faisons du passé et dans l’intuition du futur (…) Chacun d’entre nous est au centre d’une merveilleuse légende ; tout le passé que nous connaissons (et que, donc, nous vivons, dans notre présent), tout le présent que nous connaissons (et que, donc, nous vivons), tout le futur dont nous avons l’intuition et que nous préparons (et que, donc, nous vivons : œuvrer ne se fait que pour le futur) sont simultanés dans notre connaissance : ils n’existent que parce que nous existons. » (Giò Ponti, 1957).

En paraphrasant : seul le présent existe. Le passé qui existe dans le présent, le futur qui existe dans le présent, existent. Ce qui n’existe pas dans le présent, parce que nous ne le faisons pas exister, n’existe pas, ce qui ne veut pas dire qu’il n’existerait pas pour d’autres : nous (au sens large) opérons des choix, faisons exister des choses – fragments/systèmes/projets territoriaux. C’est dans ce choix fondamental de faire apparaître de manière réfléchie et assumée certaines choses et pas d’autres que se situe une dimension fondamentale de projet dans le travail de description. Dès lors, l’atelier répond à une volonté de perpétuer une pratique de projet situé à la frontière des disciplines de l’architecture et de l’urbanisme, mêlant enseignement et recherche. Par cette articulation des dynamiques de travail et des échelles, l’atelier est également vu comme un lieu interdisciplinaire, ou le travail de description, objet du premier quadrimestre, débouchera sur une problématisation et une scénarisation. En fin, le second quadrimestre s’attachera à développer un projet personnel d’architecture.

Dates
Créé le 14 septembre 2021